Coûts salariaux élevés : la moitié des employeurs ont accordé moins de primes

En ce début d’année, les taux d’indexation – 1,48 % pour les employés – sont nettement inférieurs à ce qu’ils ont été l'année dernière. En 2023, l'indexation a provoqué une très forte hausse des salaires. Mais quel effet cela a-t-il eu sur la politique salariale des PME de notre pays ? C'est la question que nous avons posé à plus de 1 000 répondants. Les résultats de l'enquête ? La moitié des employeurs ont déclaré avoir eu moins de marge, voire aucune marge, pour des augmentations salariales individuelles et 31 % ont expliqué ne pas avoir pu non plus accorder des primes collectives. Plus frappant encore : 30,1 % ont reconnu avoir moins embauché en raison des coûts salariaux élevés.

4 minutes reading time Rémunération personnel 06 février 2024

Impact sur les primes

Les salaires ont augmenté très fortement en 2023. Les plus de 500 000 employés qui relèvent de la CP 200, la commission paritaire pour les employés, ont ainsi obtenu une augmentation de pas moins de 11,09 %. Une hausse considérable donc, sans précédent ces dernières années. Mais quel a été l'impact de cette augmentation salariale sur d’autres avantages accordés par les employeurs ? Liantis a interrogé 1 043 entrepreneurs à ce sujet cet automne.

La moitié d'entre eux, soit 50,7 %, ont admis avoir eu moins de marge ou pas de marge du tout pour accorder des augmentations salariales individuelles. D'autre part, 31 % ont déclaré qu'ils n'avaient plus de marge pour une prime collective, comme une prime salariale ou une prime bénéficiaire par exemple. « Les employeurs peuvent décider chaque année s'ils veulent accorder ou non à leurs employés une prime salariale ou une prime bénéficiaire. En raison des coûts salariaux extrêmement élevés, nous constatons que de nombreux employeurs ont choisi – souvent par nécessité – de renoncer aux primes. Reste à voir si cette situation sera permanente ou s’ils vont à nouveau offrir ces avantages », a déclaré Mattias Dessein, senior manager Liantis Consult. Par ailleurs, un répondant sur quatre – soit 24,2 % – a déclaré que l'augmentation salariale n'avait eu aucun effet sur la politique du personnel et la politique salariale dans son entreprise.

Moins de nouvelles recrues

On notera que 30,1 % des répondants ont déclaré avoir moins embauché en raison de l'augmentation des salaires. En outre, 21,1 % ont reconnu n’avoir pu offrir aux candidats à l'emploi qu’un package salarial moins attractif. « Il est plus que jamais nécessaire pour les employeurs de se pencher sur leur politique de rémunération. Car lorsqu’il est difficile d’offrir un salaire brut plus élevé tandis que le travailleur recevra moins en net, l’idéal est d'explorer les alternatives possibles. Prenons l'exemple d'un plan cafétéria : il contient déjà un grand nombre de types d'avantages. Nous savons que les jours de congé supplémentaires, l'épargne-pension, mais aussi les assurances et des avantages comme un vélo en leasing sont très populaires. De plus, un package salarial moderne et attractif peut faire toute la différence sur le marché du travail », explique Mattias Dessein.

Dernier élément de l'enquête : en 2023, 26,8 % des employeurs n'ont organisé que peu ou pas d'événements tels qu'une fête de fin d'année ou un team building, afin de limiter leurs coûts. « Les employeurs sont parfaitement conscients de l'importance d'une bonne ambiance de travail, mais ils doivent malheureusement parfois faire des choix difficiles », déclare Mattias Dessein.

Hausses des salaires en 2024

Traditionnellement, le Service public fédéral Economie annonce les indices officiels au mois de décembre. Comme on s’y attendait, les taux d’indexation ont évolué pour revenir à un niveau plus normal en 2023. 

Les premières prévisions du Bureau fédéral du Plan prévoyaient encore, début 2023, une adaptation des salaires de 3,16 %. Ce chiffre a baissé : en juillet et août, les prévisions oscillaient autour de 1,67 %. Après un nouveau et bref rebond en septembre (2,28 %), le taux d'indexation final pour les employés de la CP 200 s’est stabilisé à 1,48 %. « Ce taux d'indexation modéré est sans aucun doute une aubaine pour de nombreux employeurs de PME. Du fait qu’il allège la pression sur les coûts salariaux, il permet aux employeurs de disposer de la marge nécessaire pour accorder des augmentations salariales individuelles et des primes salariales collectives. De plus, outre ces avantages financiers, les employeurs peuvent aussi à nouveau recruter davantage », dit Mattias Dessein en conclusion.